
Demande de classement du collège Saint-Damien (Saint-Damien-de-Buckland)
Lévis, le 13 décembre 2024
M. Mathieu Lacombe
Ministre de la Culture et des Communications
225, Grande Allée Est, 1er étage, bloc A
Québec (Québec) G1R 5G5
Monsieur le ministre,
Le Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM) vient d’acheminer une demande de classement à votre ministère pour l’ancienne École normale de Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, devenue le Collège de Saint-Damien à Saint-Damien-de-Buckland dans Bellechasse depuis 1969. Cette demande de classement à titre d’immeuble patrimonial de ce bâtiment monumental, inauguré en 1961, s’est faite avec la collaboration de la Fondation locale, Saint-Joseph-de-l’Espérance, créée en 1987. Nous croyons que la protection et la mise en valeur de l’ancienne École normale et de son site sont suffisamment d’intérêt public pour obtenir une reconnaissance nationale et une éventuelle inscription au Registre du patrimoine culturel du Québec. Les justifications (description du bien, histoire, motifs de la demande et photographies) de cette éventuelle désignation se retrouvent dans les dossiers joints.
Il s’agit d’un bâtiment de style moderne de plus de 110 mètres de long, conçu par les architectes, Jean-Marie Roy et Noël Mainguy, deux professionnels qui ont innové dans les constructions d’institutions scolaires à l’heure de la modernisation du système d‘éducation au Québec. L’architecte Roy a dessiné au milieu des années 50 trois pavillons (inaugurés à partir de 1957) pour les orphelines de la Congrégation et ensuite l’École normale, selon une vision intégrée d’un campus baignant dans la nature, avant même le Campus-Notre-Dame-de-Foy (1963-1965), classé site patrimonial depuis 2015.
L’affectation de l’immeuble a changé avec l’évolution du système scolaire, si bien que les classes ont été utilisées comme école privée mais aussi pour de courtes périodes comme Cégep, école secondaire publique, puis pendant près de 30 ans comme école primaire publique, des Rayons-de-Soleil. Depuis le 29 septembre 1995, la Commission scolaire de Bellechasse est l’unique propriétaire du bâtiment. Elle l’a reçu par donation de la communauté religieuse dont les effectifs diminuaient de plus en plus. Rappelons que les Sœurs de Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours s’étaient départies dès 1980 des huit Pavillons des Jeunes par vente au ministère des Affaires sociales. Ce dernier les liquidera pour 200 000 $ à l’organisme Jeune de l’avenir, je t’écoute inc qui les laissera à l’abandon. Ajoutons que le Collège de Saint-Damien, avec ses espaces diversifiés et fonctionnels, joue depuis près de 40 ans un rôle social fort important pour la population locale et régionale. Les religieuses ont contribué à l’aménagement d’une RPA l’Oasis St-Damien en 1988 qui occupe encore l’aile est de l’édifice. De plus, une grande salle communautaire près de l’entrée principale accueille de multiples activités, tandis que l’ancienne chapelle a été transformée en salle de spectacles de la Maison de la Culture de Bellechasse depuis 1998. Une relocalisation de cette salle de 350 places au Centre des Plastiques pourrait coûter à votre ministère de 10 à 12 millions $.
L’avenir du collège de Saint-Damien a basculé en 2019 lorsque le propriétaire, la Commission scolaire de Bellechasse, devenue en 2020 le Centre de services scolaire de la Côte-du-Sud, a décidé de relocaliser son école primaire Des Rayons-de-Soleil sur des terrains adjacents au nord dudit bâtiment dans la foulée d’une modernisation du concept des écoles primaires au Québec. En enlevant éventuellement au bâtiment une de ses fonctions principales, le propriétaire ne voyait plus la pertinence de conserver le bâtiment et a élaboré un scénario de démolition à l’encontre des principes du développement durable, compte tenu de la solidité et de la valeur patrimoniale de la construction.
Malgré ce scénario catastrophe, la Fondation Saint-Joseph-de-l’Espérance s’oppose à cette démolition et a élaboré avec architectes et autres professionnels une proposition de reconversion de 84 logements abordables, tout en désirant conserver les services communautaires et culturels en place, dont la salle de spectacles. En 2020, une pétition de la fondation visant la conservation et la reconversion a été appuyée par plus de 530 personnes Pour la réalisation de cette proposition, il faut bien sûr que le bâtiment soit conservé et cédé gracieusement par le Centre de services scolaire de la Côte-du-Sud. De plus, la désignation patrimoniale de l’immeuble et possiblement du site conférerait une valeur supplémentaire et une aide éventuelle au recyclage de l’immeuble.
Certes, toute reconnaissance patrimoniale nationale doit être fondée sur des motifs historiques, architecturaux, artistiques et paysagers, ce que nous avons démontré. Soulignons que ces valeurs patrimoniales sont également connues à votre ministère comme en fait foi le document de juillet 2019 de la Direction générale du patrimoine, supervisé par la chargée de projet Marie-Ève Kirouac, et intitulé : Ancienne école normale Notre-Dame-du Perpétuel-Secours, 75 route Saint-Gérard, Saint-Damien-de-Buckland—Évaluation de l’intérêt patrimonial. Rappelons également que plusieurs organismes, tels Action patrimoine, Docomomo Québec et la Fédération Histoire Québec, ont pris ces dernières années la défense de ce patrimoine moderne, sans compter les nombreux appuis au projet de recyclage et de conservation du bâtiment de la MRC de Bellechasse, de la municipalité de Saint-Damien-de-Buckland et d’autres municipalités avoisinantes, sans oublier plusieurs organismes, dont le GIRAM.
Reconnaître ce bâtiment et éventuellement ce site, serait en même temps honorer l’œuvre gigantesque à Saint-Damien-de-Buckland de ces dévouées religieuses qui ont soutenu depuis 1892 de multiples formations éducatives et marqué ce milieu rural par leur dynamisme.
Espérant que vous accueillerez favorablement cette demande en vous prévalant de l’article 30 de la Loi sur le Patrimoine culturel afin d’émettre un avis d’intention de classement pour reconnaitre sur le plan national cet immeuble et son environnement.
Acceptez, Monsieur le ministre, nos salutations les plus distinguées.
Gaston Cadrin, vice-président du GIRAM