Une seconde vie pour le Colisée de Québec
Le projet
Lieu d’accueil d’un Musée national des transports, de l’innovation et de la technologie du Québec.
Proposition du Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM)
Sans l’esprit inventif et le génie québécois appliqués au domaine du transport, qu’il soit par air, terre et mer, où en serait le niveau de développement du Québec, de ses régions, de ses vastes espaces du Nord ?
En quatre siècles, le pays de la raquette et du canot, de la verchère et de l’aéroplane-cerf-volant a dû faire preuve d’une extraordinaire capacité d’adaptation et d’innovation pour devenir le troisième pôle mondial de l’aérospatiale.
Pourtant, pour célébrer le génie québécois, toujours pas de musée national de la technologie, de l’innovation, comme on en retrouve un peu partout dans le monde. Pour cela, il nous faut aller à Ottawa, Toronto, Edmonton, Winnipeg. Face à ce vide, un immense bâtiment. Vide, lui aussi, et en attente d’affectation: le Colisée de Québec. Une autre prouesse d’ingénierie inaugurée en 1949, après un chantier de seulement sept mois.
Faire de ce bâtiment le lieu d’accueil d’un Musée national des transports, de l’innovation et de la technologie du Québec, telle est la présente proposition du GIRAM. Un projet d’une décennie. Un défi immense et potentiellement porteur de promesses. Pourquoi ne pas y avoir pensé avant.
« Le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a 20 ans. Le deuxième moment c’est maintenant » (proverbe chinois).
Une seconde vie pour le Colisée de Québec
Lieu d’accueil d’un futur Musée national des transports, de l’innovation et de la technologie du Québec.
Proposition du Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM)
Un lieu et un projet pour garder bien vivante notre mémoire collective et se donner un regard sur demain.
Le peuple québécois est un peuple défricheur, bâtisseur et explorateur. Trois identités bien spécifiques et qui ont toutes nécessité une grande créativité au chapitre de la mobilité, du transport et de la locomotion dans une nature et une géographie au départ hostile.
Avec leurs alliés autochtones, nos ancêtres ont sillonné les deux tiers de l’Amérique du Nord, y ont installé postes commerciaux et fortifications militaires dont plusieurs sont devenus d’importantes villes nord-américaines. Aujourd’hui, l’économie québécoise du transport est parmi les plus avancées et reconnues dans le monde. Tout au long de sa course, le Québec est passé de la raquette à l’autoneige, du mythique canot d’écorce à la goélette, de l’avion de brousse Norseman au Airbus A220 de Bombardier.
Blériot XI (1009) Reconstruction. Musée aviation de Montréal
Premier autocar Prévost (1924) Photo: Les Affaires
Faut-il laisser l’ensemble de cet héritage historico-scientifique aux seuls musées canadiens et américains qui, sans trop se préoccuper de notre identité, ont récupéré à leur compte l’essentiel de ces progrès et ces innovations ? La plupart des capitales du monde ont leur musée de l’Innovation et de la Technologie. Comment expliquer que le Québec ne se soit pas encore saisi de ce riche héritage historique, culturel et scientifique ?
Un outil d’éducation d’une extraordinaire efficacité.
Selon l’UNESCO, les musées consacrés à l’aviation sont parmi ceux qui attirent le plus de visiteurs. Par exemple, aussitôt créé, le Musée suisse des transports est immédiatement devenu le plus populaire du pays. Un outil d’une extraordinaire efficacité pour les enseignants du primaire et du secondaire. Les recherches établissent une corrélation entre la fréquentation muséale soutenue et le taux de diplomation, notamment au secondaire.
Ce musée devrait donc porter une forte dimension de médiation et d’éducation et prévoir la mise en place d’ateliers scientifiques à l’intention de divers publics.
Au cours des 20 dernières années, les musées sont devenus des acteurs importants de la transmission des connaissances scientifiques. Les musées de sciences et de technologie jouent d’ailleurs un rôle de premier plan à cet égard. Aux États-Unis, plus de 18 millions d’heures vouées aux programmes jeunesse, au développement professionnel des enseignants; plus de 90 millions d’écoliers franchissent les tourniquets des musées chaque année. L’éducation a radicalement transformé les fonctions et vocations historiques du musée. (L’apport des musées dans l’enseignement des sciences. Jean-François Gauvin. Réseau EdCan).
Révolution dans la mobilité nordique. DHC-6 Twin Otter d’Air Inuit.
Redonner vie et essor au site du Colisée et à son quartier.
Démonstration aérienne à l’Exposition provinciale. Québec 1919.
Atterrissages et décollages sur place. (Photo Musée de l’aviation et de l’espace du Canada).
Ce type d’infrastructure ou d’équipement muséal requiert au départ beaucoup d’espace. Raison pour laquelle dans les capitales de ce monde, on les retrouve le plus souvent en périphérie des centres-villes. Notre capitale nationale a l’heureuse opportunité de pouvoir disposer d’un espace et d’un bâti déjà construit pour se saisir d’un tel projet : le Colisée de Québec. On est en recherche d’une vocation à attribuer. Bénéficiant déjà d’un attachement de la population de Québec (Exposition provinciale, As de Québec, Tournoi International de hockey Pee-Wee et les mythiques Nordiques), cette immense infrastructure bénéficie de bien des atouts, notamment au chapitre de l’accès par le transport en commun.
Déjà trop de musées à Québec?
Boston en compte 58 et ils font sa fortune. Quant au nombre de musées par tranche de de 100 000 habitants au Canada, la Capitale du Québec qu’on croit généralement bien nantie à ce chapitre, est largement dépassée par Montréal (X3), Ottawa Gatineau, Toronto (X3) Winnipeg, Calgary, Vancouver (X2).
De la toute récente consultation citoyenne sur l’avenir du site Colisée, un consensus s’est dégagé : il faut conserver le bâtiment, si possible le dédier à des activités événementielles et végétaliser 25 % des espaces.
Le transport s’est avéré le facteur structurant de notre collectivité naissante. Un musée d’envergure nationale, relevant de l’État québécois dédié à la mise en valeur du génie québécois dans le domaine du transport, par air, par terre, par mer, voilà la proposition du GIRAM. Une proposition inédite. Le transport a non seulement été historiquement à la source de la création et du développement du Québec et de ses régions, il occupe toujours une place fort importante des enjeux de notre vie moderne.
Le GIRAM est parfaitement conscient qu’il s’agit d’un projet d’envergure et que sa réalisation pourrait s’étaler sur une décennie avant que l’ensemble des segments ne soient opérationnels.
Les quatre temps de la proposition GIRAM
1/Un moratoire afin de mettre sur pause officielle cette idée de démolition qui a cours depuis trop longtemps.
2/Un groupe de travail chargé de définir rapidement et avec plus de précisions le concept (architecture générale du lieu, scénario financier, prospection de collections existantes, etc.), ainsi que les partenariats publics et privés requis pour sa réalisation (gouvernement du Québec, Caisse de dépôt, grandes entreprises mécènes, collectionneurs privés acceptant de faire des dons).
3/ Définir le projet culturel et scientifique dans ses grandes lignes architecturales et opérationnelles (besoins en termes d’espaces, salles d’exposition, de montage, ateliers, accueil et circulation des publics etc.)
Nous proposons que ce groupe de travail réunisse un représentant de la Ville, un de la Commission de la capitale nationale, du Musée de la civilisation, du ministère de la Culture et des Communications, un du ministère des transports et si possible un observateur du GIRAM.
4/ Réaliser un plan de travail pour 2026. Le GIRAM propose de ne pas tenter de réinventer la roue. Plusieurs modèles de ce type de musées existent dans le monde. Nous suggérons d’examiner le modèle du Alberta Reynolds Museum (Edmonton) qui intègre le transport aérien, terrestre, voiture et rail, équipement de ferme, de voirie, sécurité civile.
Principaux arguments militant en faveur de la proposition du GIRAM.
1/ L’idée de démolir un bâtiment qui a son histoire propre et qui jouit d’un attachement de sa population est totalement déraisonnable. Ce site est mythique à bien des égards, dès les années 1910, il accueillait des aéronefs.
2/ En plus de signifier un coût financier lourd (17M$), le scénario démolition est contraire aux principes élémentaires du développement durable, alors qu’une reconversion peut représenter un investissement productif pour l’ensemble de l’économie et le patrimoine culturel du Québec. De plus, ce bâtiment est considéré par plus d’un comme une réalisation architecturale de haute valeur (Voir annexe3).
3/ Un projet qui amènerait notre capitale dans le peloton de tête au chapitre de l’offre culturelle et muséale. Nous avons déjà un musée des Beaux-arts, un de la Civilisation, bientôt, un sur l’Histoire nationale.
4/ Ce type de musée exige des espaces de hautes capacités. Avec ses 14 900 m2, le Colisée répond parfaitement à cette nécessité et dépasse même les capacités existantes ailleurs : (7400 m2 pour le Musée des Sciences et de la Technologie d’Ottawa, 9450 m2 pour le bâtiment principal du Alberta Reynold’s Museum.
5/ L’innovation, la découverte et le génie en matière de transport font partie de l’identité du Québec. Seul un musée soutenu par l’État peut réunir différentes collections. Le Gouvernement du Québec est déjà propriétaire de la Collection Paul Bienvenu, 201 pièces de voitures à chevaux de haute qualité, mais ne peut pas même les entreposer. Bien d’autres pièces et collections privées pourraient s’y ajouter. Les collectionneurs sont nombreux au Québec, plusieurs font face à l’enjeu de succession.
6/ Le gouvernement possède déjà des collections dans ses entrepôts de Duberger qui ne demandent qu’à être mises en valeur. Comme dans bien d’autres musées de technologies, certaines pièces devront être reconstruites (Autobus Prévost 1924)
On retrouve au Québec plusieurs mini-musées et collections privées de survivance difficile par manque d’une masse critique de visiteurs. Rassembler ces multiples projets en un lieu et créer des partenariats peuvent servir l’intérêt collectif.
7/ Ce projet viendrait insuffler un élan sans précédent à ce secteur de la basse ville de Québec. Une grande synergie à prévoir avec le Centre Vidéotron et la refondation de l’espace Fleur de Lys. Même effet structurant que le parc L’Allier dans Saint-Roch.
8/ Proposition qui est en respect du vœu citoyen d’aménager un parc public adjacent à cet immeuble. Incidemment, ce parc pourrait avoir comme thématique centrale, le transport terrestre ou aérien.
Modèle général de la proposition.
Les autoneiges de J.A Landry de Mont-Joli.
L’idée de base de ce musée n’est pas uniquement celle de la conservation et de la reconstruction nostalgique du passé. Ce qui est recherché, c’est d’établir un rapport documenté du présent au passé en montrant l’impact de l’innovation sur nos vies. « L’aviation commerciale, notamment l’aviation de brousse, a transformé le Nord du pays et a eu une importance cruciale dans le développement de l’économie et du réseau des transports, tant au Québec qu’au Canada ». (Alain Frank, Bruneau Frank, Aventures aériennes 1910-1960, Les Publications du Québec).
Plus qu’une institution muséale traditionnelle axée uniquement sur la conservation, l’institution devrait en être une d’exposition, axée sur le génie québécois du transport et la curiosité et la culture scientifique. Une approche tout à fait moderne et contemporaine mais qui reprend à son compte la vocation d’origine du site même. (Exposition provinciale, à compter de 1898).
L’institution devrait également servir de pont avec des structures existantes (Exporail de Saint- constant). Elle pourra accueillir à titre de prêts ou de donations, des objets, des collections publiques et privées pour des expositions permanentes ou temporaires.
Collection Paul Bienvenue (Québec).
Les thématiques
- Transport terrestre : Raquettes, toboggan, ski, individuel et collectif par voiture hippomobile, motorisée, véhicule de marchandises, de fermes, de sécurité civile, motocyclette, autoneige, motoneige, la technologie des ponts, des routes. L’impact des souffleuses à neige Sicard. Bientôt l’industrie de l’électrification et de la fabrication des batteries.
- Transport maritime : canot, radeau, cageux (train de bois), goélette (à voile, à vapeur), bateau de pêche, de plaisance, etc.
- Transport aérien : avions des pionniers, avions de brousse (sur flotteurs, sur roues, sur skis), avions-citernes de lutte aux incendies, avions commerciaux (passagers et fret), hélicoptères, ballons, dirigeables, avancées de la motorisation.
- Spatial : satellites, fusées de lancement.
Partenariats à établir
Pour appuyer le ministère de la Culture et des Communications, deux Sociétés d’État devraient être partenaires majeurs du projet :
- CPDQ infra, maître-d’œuvre de grands projets d’infrastructures publiques de transport
- Hydro-Québec qui, sans le transport aérien, n’aurait pu réaliser ses grands barrages.
Un tel projet ne peut se concevoir non plus sans développer un important partenariat avec le privé, notamment celui du domaine aéronautique. Considérant le coût et la disponibilité des pièces, impossible en effet pour un musée d’acquérir facilement des pièces stratégiques comme des moteurs, des postes de pilotage, ou des trains d’atterrissage à coût quasi nul.