Le temps est à la réalisation d’un réseau de transport collectif digne du 21e siècle dans notre région
Lévis, 13 juin 2024
CDPQ-infra confirme que la région de Québec tourne en rond depuis plus de dix ans dans le développement du transport collectif
Au GIRAM nous accueillons avec beaucoup de satisfaction le rapport commandé par le gouvernement caquiste à la CDPQ-infra, car il confirme plusieurs propositions ou appuis que nous avons faits au cours de la dernière décennie afin d’améliorer le transport collectif dans la région.
Soulignons entre autres, notre proposition d’un tunnel réservé exclusivement au transport collectif (tramway) entre les deux centres-villes de Québec et Lévis, rendue publique le 30 avril 2019 et que le rapport reprend en favorisant le prolongement d’une ligne de tramway sous-fluvial de 7 km atteignant la cité Desjardins.
Cette proposition entérinée officiellement par la ministre des Transports, madame Geneviève Guilbault, en mars 2023, puis rejetée spontanément six mois plus tard à la suite d’une une élection partielle dans le comté de Jean-Talon, demeure souhaitable selon le rapport CDPQ-infra dans un horizon de 10 à 15 ans.
Notre appui au projet de tramway à Québec date également de notre étude de 2019 où nous ajoutions le prolongement du tramway de Québec sur le boulevard Guillaume-Couture à plus long terme. Le 13 octobre 2023, le GIRAM reconfirmait son appui au tramway de Québec dans un communiqué intitulé Le tramway, un élément indispensable pour le développement d’un transport collectif viable dans l’agglomération de Québec. Nous ajoutions que « la réalisation de ce réseau structurant s’avère la pièce maîtresse de ce qui devrait être la vision d’avenir de la mobilité des personnes de l’agglomération de Québec, vouée à une croissance rapide dans les prochaines décennies ».
Nous ne pouvons que nous réjouir de la reconfirmation d’une ligne de 28 kilomètres de tramway sur la Rive-Nord et de l’ajout de prolongements de 30 km dans certains axes, notamment sur la Rive-Sud, par l’aménagement de voies réservées ou d’un système rapide par bus (SRB).
Ce premier projet (élaboré entre 2013 et 2017) de transport collectif structurant Québec-Lévis de 43 kilomètres (environ 1 milliard $ pour le projet global) planifié et financé à coup de plusieurs études de dizaines de millions $ avait été subitement largué par la ville de Lévis, le 18 avril 2017, sous prétexte qu’il était « beaucoup trop onéreux » pour les capacités de la Ville de Lévis, selon le maire Gilles Lehouillier. Mais, la vraie raison, c’est qu’on privilégiait à l’hôtel de ville de Lévis la réalisation d’un troisième lien autoroutier entre les deux rives.
Pendant que la Ville de Québec élaborait des plans pour un réseau de tramway, à Lévis, on se contentait de l’aménagement (en cours de réalisation) d’une voie réservée pour les autobus sur des petits tronçons de 1 à 2 km (total 2,9 km) sur le boulevard Guillaume-Couture dans les secteurs des Galerie Chagnon/cité Desjardins et de la tête des Ponts. Pourtant, ce réaménagement, estimé initialement à 79 millions $ dépassera probablement les 200 millions $, et ne règlera nullement l’efficacité du transport collectif dans l’ensemble du milieu urbain lévisien. Le SRB aurait été beaucoup plus pertinent pour l’augmentation de la part modale du transport collectif et la diminution de l’usage de l’auto-solo sur la Rive-Sud.
Bref, le rapport CDPQ-infra propose un plan ambitieux pour les 15 prochaines années d’environ 15 milliards $ afin que s’amorce enfin un virage vers des transports collectifs intégrés dans l’agglomération, notamment entre Québec et Lévis.
Par contre, le même rapport déçoit amèrement les partisans du troisième lien autoroutier en affirmant qu’il n’est pas prioritaire compte tenu des déplacements actuels et du fait que le transport par camion ne représente que seulement 5 % du transport interrives, de surcroît majoritairement effectué en dehors des heures de pointe journalières.
Malgré ces conclusions, le gouvernement Legault annonce aujourd’hui qu’il tient à réaliser coûte que coûte son 3e lien en prévoyant la construction d’un nouveau pont à l’est de l’agglomération. C’est à se demander si les préoccupations électorales en vue de la prochaine élection surpassent tous les avis des experts, y compris de ceux de la CDPQ qu’il a lui-même mandaté l’automne dernier. Promettre un pont dans la région de Québec a toujours été gagnant, même si ce projet se réalise dans 25 ans ou jamais…
En conclusion, arrêtons de tourner en rond et d’improviser, LE TEMPS EST À LA RÉALISATION D’UN RÉSEAU DE TRANSPORT COLLECTIF DIGNE DU 21E SIÈCLE DANS NOTRE RÉGION.
Source : Gaston Cadrin, vice-président du Giram