Ferme Chapais, proposition du GIRAM
Créer un arboretum thématique national en partenariat avec les Premières Nations et la ville de Lévis. Un arboretum, un jardin botanique.
Le GIRAM s’intéresse depuis quelques années au devenir des espaces de la Ferme Chapais (Lévis), actuellement en phase de délestage par la Société immobilière du Canada. Le GIRAM propose de transformer la ferme en un arboretum d’envergure nationale sur le modèle de celui de la capitale fédérale.
Considérant ses objectifs d’éducation, de recherche, et de sensibilisation, de même que son impact au chapitre du développement touristique et culturel, ce projet s’inscrit directement dans la volonté des Lévisiens sondés. À cet effet, la réalisation d’un arboretum peut avantageusement rehausser la notoriété et l’attractivité de la région de la Capitale-Nationale.
D’une superficie de 40 ha, le site, offre un panorama exceptionnel sur le fleuve Saint-Laurent et la capitale nationale. Il comprend une partie boisée d’arbres matures, incluant une érablière, une pinède et une pessière. Environ 50% de cette superficie comporte des champs agricoles pouvant être aménagés en arboretum thématique suprarégional.
Site de la quarantaine animale 1914-1982
Ce fut la première station de quarantaine animale du pays, créée en 1914 après la réquisition du Fort-Numéro-Trois pour l’effort de guerre. Plus de 80,000 animaux de ferme et de zoo, principalement en provenance de Grande Bretagne, y ont séjourné. Ils étaient transférés par train de l’anse à Tibbit vers la ferme Chapais.
Ferme expérimentale 1982-2012
Après le transfert des activités de quarantaines vers Mirabel, tranfert aérien oblige, la station a été transformée en ferme expérimentale de 1986 à 2011. Depuis sa fermeture en 2012, le gouvernement fédéral souhaite s’en départir.
Réalisation du projet :
Dans un premier temps, le GIRAM souhaite l’implication de la ville de Lévis dans une partenariat avec les Premières Nations (Huronne-Wendat, Wolastoqiyik Wahsipekuk et W8banaki d’Odanak) pour l’acquisition de ce territoire.
La deuxième étape comprendra la réalisation d’un devis préliminaire (histoire, inventaire des espaces naturels et des éléments bâtis du site) et l’analyse des potentiels de transformation de l’espace en site public.
Qu’est-ce qu’un arboretum ?
- jardin botanique spécialisé
- ouvert au public
- comportant plusieurs espèces et cultivars d’arbres et d’arbustes du monde entier disposés dans un espace paysager
- sous forme de collections thématiques
- obéissant aux règles générales d’un jardin botanique
- toutes les espèces ligneuses étant soigneusement étiquetées
- incluant l’origine de chaque espèce ou cultivar
Proposition du GIRAM : un arboretum thématique comportant 2 volets
1- Collection d’arbres et d’arbustes
- plantes ornementales dans des espaces aménagés bien identifiés groupés par intérêt particulier
- plantes indigènes utilitaires des Premières Nations (alimentaires, médicinales, condimentaires, etc.)
2- Volet artistique
- exposer les œuvres d’art en privilégiant les artistes des Premières Nations
- intégrer des œuvres ou leur reproduction dans les aménagements paysagers ou naturels
Jardin Scullion, L’Ascension-de-Notre-Seigneur, Lac-Saint-Jean, 275 espèces et cultivars de conifères
Arboretum nord-américains
États-Unis
On estime qu’il y a entre 300 et 1000 jardins botaniques et arboretums aux Etats-Unis, selon l’interprétation de la classification des sites horticoles.
Arnold Arboretum, Boston (1872), 113 ha
- plus ancien arboretum public américain
- 15 000 plantes et arbres
- 55 cultivars de pommetiers
- 400 lilas
- allée de plus de 500 azalées et rhododendrons
- ouvert au public gratuitement, tous les jours de l’année
Arnold Arboretum, Boston
Canada
Les arboretum les plus anciens et les plus visités au Canada excluant le Québec sont :
- Arboretum du Dominion (Ottawa, 1889), 40 ha, 10 000 cultivars de plantes
- Royal Botanical Garden (Guelph), 47 ha, 2 000 cultivars d’arbres (arbres indigènes de l’Ontario, cerisiers, pommetiers, magnolia, lilas, pivoines, rosiers
- Butchart Garden (Victoria, 1904), 22 ha, ancienne carrière transformée en un havre de jardin, 1 million de visiteurs chaque année
Arboretums, parcs et jardins québécois
- Jardin Botanique de Montréal
- Morgan Arboretum
- Jardin Scullion
- Jardin de Métis
- Jardin des Quatre-Vents
- Parc Marie-Victorin
- Domaine Joly de Lotbinière
Région de la Capitale Nationale
- Jardin Van den Hende
- Domaine de Maizerets
- Parc du Bois-de-Coulonge
Jardin Botanique de Montréal (1931) 80 ha
- inauguré par Marie-Victorin
- plus de 22 000 cultivars de plantes
- une vingtaine de jardins thématiques
- 140,000 visiteurs en juin-juillet
- arboretum 40 ha
Jardin Botanique de Montréal
Jardin de Métis (Grand-Métis, 1926) 40 ha
- Elsie Reford
- 10 000 espèces et cultivars
- 5 millions de visiteurs depuis l’ouverture au public en 1962
Parc Marie-Victorin (Kinsey Falls, 1985)
- créé pour souligner l’anniversaire de naissance de Marie-Victorin
- mosaïcultures 3D
- sculptures
- musée d’un magasin général
- 40 000 visiteurs par année
Parc Marie-Victorin, Kinsey Falls
Domaine Joly-de-Lotbinière (Ste-Croix, 1984)
- fondation du Domaine Joly-de-Lotbinière 1998
- parc-jardin pittoresque
- 100 000 visiteurs par année (2022)
Jardin du Bois de Coulonge (Québec, 1986) 24 ha
- lieu de résidence des lieutenants gouverneurs (1870-1966)
- mis en valeur en 1986
- parc géré par la Commission de la capitale nationale du Québec
- mosaïcultures internationales en 2022
Rôle d’un arboretum
Un arboretum aurait un impact au chapitre du développement touristique au Québec et réhausserait la notoriété et l’attractivité de la région de la Capitale Nationale. Il jouerait ainsi un rôle sur plusieurs plans :
- attrait touristique incontournable
- récréatif et activités familiales
- promenade dans les sentiers pédestres
- photographie
- entomologie, ornithologie
- éducatif
- cours et conférence-
- journées scolaires
- environnemental
- adaptation et lutte contre les changements climatiques
- culturel
- exposer les œuvres des artistes des Premières Nations
- faire connaître les connaissances des Premières Nations concernant l’usage des plantes indigènes
- expositions saisonnières et permanentes
- patrimonial
- l’arboretum constitue en soi un bien patrimonial
- valeur historique et patrimoniale des bâtiments
Environ 50 % de la superficie pourrait être aménagée en parcelles thématiques
Esquisse des aires de plantation thématiques de l’arboretum :
- Plantes ornementales
- Arbres remarquables
- Hydrangéacées
- Arbres et d’arbustes fruitiers
- Plantes aromatiques comestibles
- etc.
2. Plantes indigènes
- Plantes aromatiques comestibles
- Plantes vivaces indigènes comestibles
- Arbustes indigènes à fruits comestibles
3. Arbres remarquables
4. Hydrangéacées
5. Arbres et arbustes fruitiers
Une signature autochtone ethnobotanique pourrait avantageusement caractériser l’espace. En plus des nombreuses espèces et cultivars d’arbres et d’arbustes du monde entier aménagés sous forme de collections thématiques, un espace serait consacré aux plantes indigènes en relation avec l’usage de celles-ci par les Premières Nations.
Référence : Rousseau, J., 1947. Ethnobotanique abénakise. Pages 145-182 in Les archives du folklore, Publications de l’Université Laval. Volume 2, Fides, Montréal.
6. Plantes vivaces indigènes comestibles
Plusieurs plantes indigènes comportent une partie qui est comestible. Sont classés dans cette catégorie, les légumes racines comme le topinambour (Helianthus tuberosus), les jeunes tiges et les jeunes inflorescences mâles de la quenouille (Typha latifolia), les jeunes pousses et les boutons floraux de l’asclépiade (Asclepias syriaca), les feuilles du populage des marais (Caltha palustris), et les jeunes frondes de la crosse de violon (Matteucia struthioptheris), etc.
7. Arbustes indigènes à fruits comestibles
Plusieurs petits fruits comestibles étaient et sont toujours recherchés pour l’alimentation, comme les bleuets (Vaccinium angustifolia), les canneberges (Vaccinium oxycoccos, Vaccinium macrocarpon), les airelles (Vaccinium cespitosum), la camarine (Empetrum nigrum), le framboisier (Rubus idaeus), les ronces (Rubus alleghaniensis), les gadelles (Ribes), les viornes (Viburnum edule), les gueules noires (Aronia melanocarpa), les noisettes à long bec (Corylus cornuta), les petites poires (Amelanchier) et les baies de rosier (Rosa acicularis), etc.
8. Plantes vivaces et arbustives indigènes aromatiques
Les plantes aromatiques comprennent plusieurs plantes utilisées comme épices, aromates ou condiments.
Les espèces indigènes suivantes figurent parmi les plus importantes: sapin baumier (Abies balsamifera), pin blanc (Pinus strobus), mélèze laricin (Larix laricina), épinette blanche (Picea glauca), pruche du Canada (Tsuga canadensis), cèdre blanc (Thuya occidentalis), if du Canada (Taxus canadensis), peuplier faux tremble (Populus tremuloides), poivre des dunes (Alnus alnobetula subsp. crispa), hart rouge (Cornus stolonifera), thé du Labrador (Rhododendron groenlandicum), thé du Canada (Spiraea alba var. latifolia), thé des bois (Gaultheria procumbens), gingembre sauvage (Asarum canadense), ail des bois (Allium tricoccum), ciboulette (Allium schoenoprasum), dentaire à deux feuilles (Cardamine diphylla), savoyane (Coptis trifolia), herbe à dinde (Achillea millefolium), bardane (Arctium minus), herbe à feux (Chamerion angustifolium), salsepareille (Aralia nudicaulis), etc. Par ailleurs, c’est aux Premières Nations que revient la découverte de l’eau d’érable qu’elles utilisaient pour cuire le gibier. Puis en collaboration avec les premiers colons ils l’ont transformé en un sirop connu mondialement.
Bon nombre d’entre elles possèdent des propriétés médicinales. La pharmacopée des Premières Nations comporte de nombreux végétaux pour traiter différents troubles respiratoires, digestifs et autres problèmes médicinaux. Les Premières Nations sont venues au secours des premiers européens arrivés en Nouvelle France, pour soigner leur équipage atteint du scorbut.
9. Plantes indigènes utilisées pour le textile, la vannerie et la fabrication de canots et de raquettes
Chez les Premières Nations, les contenants, les sacs et les paniers sont fabriqués à partir de fibres végétales d’une grande variété, notamment d’éclisses de frêne noir, (Fraxinus nigra) de tiges de hart rouge (Cornus sericea) et de saules (Salix spp.), et d’écorce de bouleau blanc (Betula papyrifera). Les fibres fines extraites des tiges de l’apocyn chanvrin (Apocynum cannabinum) et de l’ortie du Canada (Laportea canadensis) servent pour confectionner des filets, des sacs, des lignes de canne à pêche et des vêtements. Le frêne blanc (Fraxinus americana) s’emploie pour la fabrication de raquettes et le bouleau blanc pour la construction des canots.
10. Arbres indigènes
Environ 50 % de la superficie est couverte par la forêt comportant une érablière, une plantation de conifères (pins et épinettes) et des parcelles composées d’arbres indigènes feuillus et conifériens.
Arboretum de la ferme Chapais, comment se démarquer ?
Une signature autochtone artistique pourrait également constituer une plateforme exceptionnelle pour y exposer les œuvres des artistes des Premières Nations intégrées au paysage et aux aménagements. À titre d’exemple, sont intégrées en simulation dans un paysage les oeuvres d’artistes de trois Premières Nations : Christine Sioui Wawanoloath, Ginette Kakakos Aubin et Carmen Hathaway.
Christine Sioui-Wawanoloath, née à Wendake, au Québec, est une écrivaine, dramaturge, sculptrice, conteuse, peintre et illustratrice abénakise-wendate. Elle fait des études en arts, en photographie et en histoire au collège Manitou, puis à Montréal. Elle a réalisé des images pour différentes publications, divers événements autochtones et des campagnes de toutes sortes. Elle est aussi auteure de contes pour enfants et de pièces de théâtre. Son conte Le clan des oiseaux a été adapté sur scène par l’Orchestre symphonique de Québec dans le cadre des festivités du 400e de la ville de Québec. Ginette Kakakos Aubin fait partie de la Première Nation Malécite de Viger du Québec, les Wolastoqiyik. Elle est bachelière en arts visuels et médiatiques de l’UQAM et fait de l’art culturel son principal mode d’expression. Carmen Hathaway est membre de la Première Nation Abénaki d’Odanak-QC, elle vit depuis les années 1970 au Manitoba. Sa pratique des arts visuels évolue grâce à des expériences d’exposition, d’enseignement et de création avec divers médias comme la peinture, la photographie, la vidéo et l’audio.