Fermer la porte à toute industrie de transit d’hydrocarbures et à toute opération de remblayage du fleuve.

COMMUNIQUÉ

                                   Lévis 21 février 2024.

Entente intervenue entre Québec et Société Rabaska concernant le rachat de la totalité des 272 hectares de la Société gazière: réaction préliminaire du Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu.

(Opinion formulée sous réserve que le GIRAM n’a pas pris connaissance du texte de ladite entente et que, d’autre part, il est en attente de l’avis de la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) suite à sa requête en ré-inclusion adressée en 2023)

La campagne du GIRAM en faveur du retour des espaces Rabaska en zone agricole. Par ses alertes auprès du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, de même que par ses actions menées auprès de la Commission de protection du territoire agricole, le GIRAM visait à ce que réparation soit faite de l’erreur commise en 2007 (dézonage de 272 hectares de façon arbitraire et purement inutile). Le défi s’est considérablement corsé à partir du moment où le Port de Québec a conclu une entente avec la Société Rabaska en vue d’une acquisition de l’ensemble des espaces.  La création à même des sols agricoles, d’une zone portuaire lourde sur un modèle potentiellement semblable à celui de la baie de Beauport ou de Bécancour représentait un scénario socialement irrecevable. Également, une menace à l’intégrité territoriale du Québec puisque cette dernière, tout comme celle de son interface de la rive nord, aurait été gérée à l’abri des lois territoriales et environnementales du Québec. Une aberration.

Québec nouveau propriétaire de la totalité des espaces. Le GIRAM salue donc cette décision du gouvernement de rapatrier sous sa juridiction et sa gestion la totalité des espaces Rabaska. Il en avait d’ailleurs fait la suggestion à la ville de Lévis. En promulguant un avis d’expropriation de la partie sud en juin 2023, cette dernière coupait partiellement les ailes au Port de Québec, mais laissait à ce dernier le champ libre pour exploiter toute la partie nord. L’alerte lancée par le GIRAM en avril 2023 en faveur d’une conservation de l’intégrité territoriale du Québec a été entendue par le gouvernement du Québec.

Une victoire partielle pour l’agriculture. Le retour en zone agricole de la partie nord de l’espace Rabaska représente pour le GIRAM un pas important qu’il fallait franchir absolument. Il faut féliciter cette sécurisation des 109 hectares de terres sur lesquels une agriculture de proximité est pratiquée depuis 350 ans; cette dernière est ancrée dans l’histoire et le patrimoine agricole du Québec. Ce statut doit être verrouillé à jamais. Plus aucune portion de terres actuellement en culture ou en friche ne doit être dilapidée au profit d’usages autres que l’agriculture, compte tenu que le Québec ne peut compter que sur un maigre 2% du territoire pour assurer son autonomie alimentaire. L’accroissement rapide de la population du Québec (ajout de 3 millions d’habitants depuis l’entrée en vigueur de la Loi sur la protection du territoire agricole) doit être dans nos esprits en permanence. Rappelons que les sols concernés figurent parmi les meilleurs du Québec. Un gain donc pour le maintien d’une activité agricole en zone périurbaine, également un gain pour le maintien de ce paysage rural exceptionnel du secteur de Lévis-Est/Beaumont, traversé par la route 132, une artère touristique achalandée et donnant sur le fleuve Saint-Laurent et l’Ile d’Orléans.

Des inquiétudes concernant la partie sud déjà inscrite « Zone d’innovation » dans le schéma de développement de Lévis. Cette partie des espaces dont plus de 60 hectares constituent un écosystème fragile(marécages, tourbière, boisés et aussi ressource hydrique pour une zone habitée à proximité et bien sûr pour la santé des sols cultivés en contrebas) représente un lourd défi sur le plan environnemental. Ici, il ne doit pas y avoir place pour l’improvisation et le vite fait. Il y a la présence d’espèces menacées et danger résultant de l’abaissement de la nappe phréatique.

Le GIRAM a ardemment souhaité que ce dernier soit lui aussi retourné au domaine agricole (le sens de sa requête auprès de la CPTAQ). Si le cas échéant tel ne peut être son destin, il faudra, le moment venu, que tout soit mis en œuvre pour en faire un modèle de développement qui soit à la hauteur du devoir d’exemplarité de l’État en matière d’aménagement durable. Cet espace étant dorénavant propriété de l’État, tout gouvernement du Québec sera sous haute surveillance dans sa gestion physique et environnementale.

Fermer la porte à toute industrie de transit d’hydrocarbures et à toute opération de remblayage du fleuve. En lien avec ce qui précède, le GIRAM et les groupes environnementaux seront toujours sur un pied d’alerte pour faire échec à tout projet d’import/export de pétrole par pipeline via ces espaces et potentiellement relié à une quelconque infrastructure portuaire en eau profonde en association avec le Port de Québec. Lévis a déjà donné sur à ce chapitre. Idem pour tout remblayage du fleuve. Le Port de Québec n’a-t-il-pas déjà annoncé «qu’il  n’y aura pas de futur projet d’agrandissement des installations portuaires dans les eaux du fleuve»? (J. de Québec 20 juillet 2022).