Le GIRAM  réclame le retrait immédiat du permis de démolition accordé au Ministère par la municipalité d’Anticosti.

Lévis 10 novembre 2022

Communiqué

Patrimoine immobilier de l’Île d’Anticosti : le ministre Benoît Charette invité à suivre la voie de son collègue André Lamontagne.

Le quotidien Le Devoir nous apprend, ce 10 novembre 2022, que l’immeuble de l’ancienne prison de l’île d’Anticosti, construit en 1911-1912 sous l’égide de l’industriel Henri Menier, aujourd’hui propriété de Faune et Parcs du Québec, est sous le coup d’un permis de démolition. Un des plus anciens vestiges de l’Île, il peut témoigner des débuts d’une activité touristique en ce lieu exceptionnel, en lice pour une inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Chose absolument inacceptable, la demande de démolition provient du Ministère lui-même. Nos cabinets ministériels québécois airaient-ils déjà oublié les recommandations de la Vérificatrice générale du Québec en matière de sauvegarde du patrimoine, ou aurait-il décidé de passer outre? Le conseil municipal d’Anticosti n’est pas en reste, il avait lui-même dans un premier temps (octobre 2021 réclamé la démolition de l’immeuble. 

Le Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM) rappelle qu’il y a deux ans à peine (juin 2020), la Vérificatrice ciblait directement les ministères et municipalités pour leur laisser-aller et leur laxisme face à la vague de démolitions de bâtiments patrimoniaux qui frappe le Québec depuis trop longtemps. Principal constat : « Le ministère de la Culture et des Communications (MCC) n’assume pas adéquatement ses responsabilités en matière de patrimoine immobilier et n’exerce pas le leadership attendu dans la résolution d’enjeux de sauvegarde qui existent depuis des décennies ».

Le rapport réclamait de la part de ces organismes publics une conduite davantage responsable et exemplaire. Le ministre responsable de la Faune et des Parcs, Monsieur Benoît Charette doit prendre acte de la situation, tenir compte que ledit bâtiment est inscrit au patrimoine culturel du Québec et que finalement, il est lui-même répondant de première ligne dans la reconnaissance des lieux naturels québécois les plus exceptionnels caractérisés par leur biodiversité, leurs écosystèmes, leur géologie ou leurs phénomènes naturels remarquables (Convention de l’UNESCO).

Ce bâtiment doit, à l’évidence, être sauvé et réhabilité à des fins publiques de loisir et de culture. Le GIRAM est d’avis qu’il ne revient ni à la municipalité ni à ses citoyens de payer pour cette réhabilitation, mais à l’État propriétaire. C’est à lui qu’incombe la responsabilité et c’est incidemment lui seul dans les circonstances qui a les capacités financières pour ce faire.

Cette option de conservation, la seule qui soit acceptable, c’est celle adoptée en 2020 par le ministre André Lamontagne, titulaire de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation. On se souviendra que les fonctionnaires de son ministère avaient demandé l’émission d’un permis de démolition de deux grands bâtiments agricoles patrimoniaux d’une incontestable valeur architecturale, gérés par l’ITAQ de La Pocatière. À la suite d’une intervention du GIRAM et de la Fédération Histoire Québec, et dans la foulée des réactions suscitées, le ministre Lamontagne avait par la suite ordonné le rappel de la demande de démolition. Heureux retournement de situation, l’ITAQ annonce en 2022 un projet de restauration et de réhabilitation des deux bâtiments.

Recommandations du GIRAM

1/ Que le gouvernement du Québec reconnaisse les recommandations et l’autorité morale de la Vérificatrice générale du Québec relativement au devoir d’exemplarité des ministères et organismes publics en matière de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine québécois, laquelle fait partie intégrante de la Politique de développement durable du Québec. Incidemment, cette politique relève de la responsabilité du ministre Benoît Charette.

2/ Que d’urgence, le ministre Charette ordonne le retrait du permis

de démolition de cet immeuble patrimonial, suivant en cela la voie tracée par son collègue André Lamontagne.

3/ Que les Directions régionales des ministères concernés entament une discussion avec la municipalité d’Anticosti et les citoyens, afin de jeter les bases d’une réflexion quant à la vocation publique et communautaire de ce bâtiment patrimonial.

4/ Que d’ici à la réaffectation du bâtiment il mette en œuvre tous les moyens pour prévenir sa détérioration entre autres en installant de détecteurs d’intrusion, d’incendie et d’eau.

5/ Qu’il commande à des experts en conservation-restauration du patrimoine immobilier un constat d’état.

6/ Qu’il établisse un plan d’intervention assorti d’un plan de financement des travaux.

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Information : Pierre-Paul Sénéchal :