Arrivée du Port de Québec à Lévis

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Lévis, le 28 septembre 2022

Déboulonner le mirage

Ainsi donc, le Port de Québec se dit à l’étroit à Québec. Il convoite rien de moins que les 273 hectares de bonnes terres agricoles dézonées par décret en 2008, en faveur du défunt projet gazier Rabaska. 

Dans le cadre de la consultation visant à modifier le Schéma d’aménagement et de développement de la Ville de Lévis (30 mai 2002), le GIRAM a jeté une première douche froide sur ce projet d’installation portuaire aux fondements plus qu’incertains. À cette occasion, il a clairement rappelé aux élus de Lévis qu’une fois propriété du Port de Québec, cet immense espace d’intérêt public allait devenir une enclave indépendante échappant à tout contrôle démocratique, et de la Ville de Lévis, et du gouvernement du Québec. Un pensez-y bien. On n’a qu’à observer les rapports de voisinage qu’entretient le Port de Québec avec le ministère de l’Environnement du Québec et les citoyens des quartiers centraux de Québec.

Il a aussi été rappelé que si l’environnement géographique et topographique se prêtait réellement à la construction d’un port industriel dans cette zone de Lévis, il y aurait belle lurette qu’il y aurait pris place. C’est que sur la Rive-Sud, les conditions pour ce type d’infrastructures en eau profonde sont plutôt défavorables et ce, en dépit de l’avantage de la voie du CN à proximité. La démonstration est relativement facile : hauts fonds et longue distance avant de pouvoir gagner les eaux navigables, une imposante falaise de 60 mètres rendant peu aisé le transbordement de marchandises. Seul un système de pompage d’hydrocarbure nous semble à priori faisable à cet endroit, comme à Saint-Romuald.

Malgré ces évidences, la direction du Port de Québec avec un appui inconditionnel des Chambres de commerce, va probablement tenter de vendre un nouveau projet apte à soi-disant déplacer les montagnes et créer des milliers d’emplois.  Un troisième essai en moins de six ans (après Beauport 2020, Laurentia).

Il faut savoir que la création d’une surface de manutention de marchandises en bas de la falaise de Lévis, signifie un gigantesque remblai directement à même le lit du fleuve avec tous les impacts hydrologiques et écologiques inhérents. Une superficie passablement plus grande que celle du projet Beauport 2020, abandonné depuis, et celle du projet Laurentia, taillé en pièces par l’Agence canadienne d’évaluation d’impact. Un corridor sur plus d’un demi-kilomètre (600 m), de surcroît dans une zone fluviale étroite et reconnue pour ses forts courants.

Pour réaliser son projet, le Port de Québec risque de devoir solliciter des centaines de millions $ au gouvernement du Québec dans un contexte où le dit-projet aura peine à affronter le crible des agences environnementales (ACEI et BAPE) chargées d’analyser le tout avec la lunette du 21e siècle.

Réaliste, dans un contexte où des installations portuaires déjà en opération sont prêtes à accueillir les nouveaux besoins en transport maritime sur le Saint- Laurent : Bécancour et Cacouna (propriétés du gouvernement du Québec), Trois -Rivières, Matane? Pertinent, à un moment où les administrations portuaires sont invitées à une rationalisation des infrastructures?

En conséquence, le GIRAM invite élus, groupes de citoyens de Lévis et de Québec à demeurer attentifs. Un tel projet, selon toute vraisemblance, ne peut se réaliser sans impact environnemental majeur. En ce qui concerne le volet entreposage, il faut aussi garder à l’esprit qu’en termes de tonnage total, les activités du Port de Québec sont très majoritairement concentrées dans le vrac solide (nickel) et liquide (hydrocarbures) avec toutes les conséquences qui y sont rattachées aux plans de la santé et de la sécurité.

Faut-il le répéter, le retour à l’agriculture d’une partie substantielle de ces 273 hectares Rabaska, représente, et de très loin, le seul projet porteur d’avenir. C’est d’ailleurs l’engagement qui avait été pris par écrit avec l’UPA en cas d’échec du projet gazier Rabaska.

Fort de l’expertise acquise dans l’analyse de tels projets, notre organisme scrutera plus en profondeur dans les prochaines semaines cette éventuelle acquisition des terres Rabaska par le Port de Québec et les conséquences qu’elle pourrait avoir sur l’environnement, sur l’aménagement du territoire et même sur la fiscalité municipale.

Informations: Pierre-Paul Sénéchal.


[1] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1917573/port-quebec-expansion-rive-sud-zone-industrialo-portuaire-rabaska-levis?cid=rg_il-reg_txt_inf_infolettre-matinale_quebec-2022-09-27_0

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